Mai 2012, Hors-Série Méditerranée, p 76-83
Lecture Horizontale L’architecte tropézien Vincent Coste conçoit des architectures contemporaines aux lignes horizontales et épurées, parfaitement ancrées dans leur environnement. Il mêle les matériaux pour valoriser des volumes, magnifie la lumière naturelle tout en jouant avec le soleil… Avec des projets aussi audacieux que sublimes, ce Méditerranéen inventif, dont nous avons déjà présenté les travaux dans de précédents numéros, continue sa brillante ascension dans le Sud. Zoom sur ses actualités.
Vous avez fait vos armes à Chicago, à Rotterdam, à Venise, à Barcelone, etc., et vous êtes basé à Saint-Tropez depuis douze ans… Comment votre style architectural a-t-il évolué ces dernières années ? Je suis de plus en plus amoureux de la perspective très dynamique, des architectures horizontales. En Méditerranée avec un environnement exceptionnel, il me semble indispensable de cadrer ou de dilater des vues. Aujourd’hui, je travaille sur un rapport à l’extérieur dicté par ce mode de vie du Sud. Mon architecture tend souvent vers la création d’une « peau » qui respire autour d’une maison pour créer des scénographies et des espaces extérieurs qui prolongent les intérieurs. Par ailleurs, ma préoccupation pour le développement durable est permanente. Je veille donc à une réelle cohérence environnementale dans tous mes projets. Pour chacun, je contrôle tous les paramètres de qualité environnementale (ensoleillement, performances thermique et acoustique, récupération des eaux pluviales, isolation par l’extérieur, etc.) en minimisant autant que possible l’impact du projet sur son environnement proche.
Vous réalisez principalement des résidences secondaires en Méditerranée. Comment les interprétez-vous ? Quand on réalise une maison de vacances, un endroit où l’on ne se trouve pas tous les jours, il faut changer les modes de fonctionnement pour créer du plaisir. Concrètement, dans une salle de bains par exemple, j’essaie au maximum de sortir des schémas classiques et de concevoir un lieu unique et original dans lequel on pourra évoluer autrement. Chaque chambre est pensée comme une chambre d’hôtel et la salle de bains est un mobilier où tous les systèmes sont intégrés.
Le mobilier est-il un domaine que vous développez aussi ? Ayant été designer pour Oscar Tusquets à Barcelone après mon passage chez Rem Koolhaas, mes clients me demandent régulièrement de prolonger mon travail sur le mobilier. Le passage de l’architecture au mobilier est pour moi naturel. Désormais, je propose à mes clients une esthétique globale, sans négliger l’aspect technique et structurel. Il y a deux ans, j’ai inauguré un département dédié au design au sein de l’agence. Nous dessinons du mobilier exclusif pour chacun de nos projets. L’offre est immense en matière de mobilier et il était intéressant de présenter des pièces originales et spécifiques à nos projets. C’est une continuité qui enrichit considérablement nos réalisations.
Quel est le style de votre mobilier ? Je ne suis pas dogmatique dans mes choix, mais j’aime utiliser des matériaux dans leurs caractéristiques et leurs spécificités intrinsèques. Je veux que chaque objet apporte dans son expression une originalité et un traitement contemporain. Les lignes dépendent du contexte dans lequel il se trouve. Dernièrement, nous avons imaginé un meuble d’exposition de vases de Capron en métal perforé avec des assemblages de modules spécifiques pour la villa H à Saint-Tropez. Nous travaillons aussi sur la réalisation de luminaires en verre et carbone, ainsi que sur le mobilier extérieur en liège et châtaignier corse pour la villa H qui devrait voir le jour l’année prochaine.
Quelles sont les grandes spécificités de votre dernier projet à Ramatuelle ? Il reflète bien mes préoccupations actuelles : une qualité de vie méditerranéenne et un rapport à l’environnement. Sur un terrain à forte déclivité avec une vue à 180° sur la mer, il s’agissait de réaliser une maison de 120 m2 avec la contrainte d’y intégrer cinq chambres avec leur salle de bains, toutes profitant de la vue sur la mer. Aussi, j’ai soustrait tous les espaces de circulation intérieurs, afin de les offrir à des espaces extérieurs de vie, avec un point de vue unique pour chacun. Je voulais aussi que chaque volume soit autonome. J’ai donc conçu des boîtes sans vis-à-vis que j’ai posées sur le volume de la pièce de vie. Ces espaces indépendants sont liés par une généreuse pergola en bois. Celle-ci unifie l’ensemble des terrasses et circulations extérieures jouant avec la lumière, les ombres, les points de vue et les perspectives… Ce dispositif donne le sentiment d’avoir amplifié les espaces. Un vrai défi architectural…
Vos projets montrent votre intérêt pour une autre utilisation des matériaux. Quelles sont vos dernières réflexions en la matière ? J’ai créé un système de façades en terre cuite avec des couleurs minérales. Je travaille sur la peau d’une maison, sur la texture, afin de trouver une radicalité dans l’expression des volumes avec des matériaux utilisés depuis des millénaires que l’on traite de manière contemporaine. Cela met aussi en avant le travail artisanal et permet la personnalisation des projets.
Retrouvez l’article dans le magazine Artravel – Hors Série spécial Méditerranée 2012.