Ceci n’est pas un mas provençal...
A Saint-Tropez, l’architecture contemporaine a aussi droit de cité. Sobre, épurée, confortable et lumineuse, telle est la maison méditerranéenne dessinée par Vincent Coste pour une famille nombreuse.
S’il est un paradis sur terre, peut-être a-t-il des racines dans cet endroit merveilleux où nature et architecture dialoguent tranquillement, la mer d’un côté, le jardin arboré de l’autre. Calme, volupté, simplicité. Ce vent de fraîcheur dans la tradition architecturale tropézienne est porté par le jeune architecte Vincent Coste qui développe un style différent. Innovant sans vouloir être révolutionnaire à tout prix, il est surtout inventif et rigoureux. Adaptée au climat méditerranéen, son écriture se décline différemment selon le client, le futur habitant. Intégrée, en phase avec notre temps, l’habi- tation “White Palms” est en cohérence avec l’environnement où pas moins de 7 jardins méditerranéens constituent un grand jardin de 4500m2. Composé d’espaces de détente et de méditation, il se prête aussi bien aux jeux (piscine, pétanque...) qu’à la contemplation. Des zones plus luxuriantes (papyrus) contrastent avec les cactées (au nord) selon le sol et l’orientation tandis que les pins maritimes et d’Alep rappellent la proximité de la côte et des marais salants. Dans cet écrin de verdure se glisse une maison sans nulle autre pareille. A l’origine du projet, il y avait une bâtisse des années ‘70 de type néoprovençal à la décoration exotique sans aucune attache avec l’en- vironnement, sombre et bariolée, comme isolée du site. Tout le contraire a été prôné pour cette rénovation lourde qui rime avec ouverture, lumière, transparence et correspondance.
Les tuiles romaines et le lattis de cèdre rouge font bon ménage avec l’expression contemporaine d’une structure épurée habillée d’un crépi beige et percée de nombreuses ouvertures. La limite dedans-dehors s’étiole avec de nombreux espaces intermédiaires et une continuité des matières et des couleurs. La spirale en acier déposée dans le gazon est signée Djack, le mobilier de jardin “Lounge” est de Dedon, les tables et chaises “Ninix” de Royal Botania
Pins parasols, gloriette, salon-pergola, terrasses et deks permettent de suivre ou de contrer la course du soleil, c’est selon. Des chaises longues Vigo (Gloster) longent l’indispensable piscine. Son pourtour est réalisé en pierres “Black Limna”, les mêmes que celles qui structu- rent l’entrée.
Deux espaces entre deux : la cuisine extérieure, dans le prolongement de la cuisine, et la niche-salon, un espace dédié aux ados, abrité mais au grand air. Le lattis qui ponctue la construction est un élément fort qui démultiplie le jeu de l’ombre et de la lumière et isole tout en permettant de voir sans être vu. Il donne à la construction existante une dimension actuelle en forme de clin d’œil aux canisses qui protègent traditionnellement du mistral.
La façade nord est celle des entrées, l’estivale est à gauche et celle d’hiver, plus étroite et à droite, s’ouvre par une porte monumentale en inox. Deux deks en pin européen mènent à ces deux entrées utilisées en fonction des saisons. Le lattis en cèdre rouge qui entoure la bâtisse permet de ménager des zones de transition et de moduler les accès grâce à un jeu de portes pivotant à 90°. Dans le hall d’entrée, le banc en aluminium “Dip” (B&B Italia) est dû à Chris Howker.
Le séjour est synonyme d’espace et de fluidité : un sol uniforme, une dominante entre blanc et beige pour les murs et les accessoires: canapés Hamilton Modulo (Minotti, design Rodolpho Dordoni), lampe blanche Cappellini (design Marcel Wanders), table basse “Colors” (MDF Italia, design Bruno Fattorini). Puis une note fushia avec l’incon- tournable fauteuil “Ribbon” (Artifort) de Pierre Paulin, une grande silhouette en bronze signée par l’artiste belge Karen et l’étrange lampe “Paranoïd 2” de Swann Bourotte (Cinna).
Au plafond, des ventilateurs “Blow” (Luceplan) rappelent qu’il peut faire très chaud en plein été... L’environnement, la nature sont omniprésents. Les plantes sont comme des tableaux vivants recadrés par les grandes baies vitrées. Dans un souci d’unité, les portes sont rares et le sol en pierre blanche de Turquie se prolonge dans la plupart des pièces et également en terrasse.
Noir et blanc-beige, presqu’exclusivement. Le coin télé-cheminée est astucieuse- ment dissimulé par un panneau coulissant. “Le Banc” en aluminium est signé Xavier Lust (MDF Italia). Dans la salle à manger, les tables “Less” (Molteni & C) sont dues à Jean Nouvel, les chaises “Dart” à Hannes Wettstein (Molteni & C) et la suspension aux allures aériennes “Minoluce-Aile” est éditée par l’atelier Sedap.
La cuisine (Varenna) est une pièce centrale qui s’ouvre et se referme à discrétion grâce à des portes coulis- santes en verre sablé. On peut y manger, y bavarder, y mijoter de petits plats. Les tabourets sont des “Lem” de Shin & Tomoko Azumi. Les LEDs aux teintes variées et variables (Lightwave) assurent une ambiance colorée.
Luxe d’un espace fluide changeant au rythme de la lumière. Le plan est en croix. La transparence, les vues, les inter- connections et les ouvertures ont été multipliées par rapport à la disposition d’origine. L’œil peut à présent traverser la maison. L’accès à l’étage se fait grâce à un escalier qui semble en lévitation. Il combine l’acier, le corian et le verre pour la rampe. La grande hauteur sous plafond de cette zone de circulation permet de capter la lumière du jour dans une boîte en verre sablé pour l’amener dans une des chambres. La suspension méduse de Swann Bourotte (“Jellyfish”, Cinna) lui donne ampleur et caractère.
Cap sur les chambres, six en tout, dont deux en haut. Détail de la boîte à lumière en verre à motif dépoli dans le hall (à gauche) et dans la chambre (à droite). En dessous : à gauche, une des chambres du rez (chaise Eros - Kartell de Starck) et à droite, le coin bureau dans la chambre principale à l’étage (bureau rétro et chaise Bertoia - Knoll)
A l’étage, la salle de bains principale donne sur le dressing et la chambre des parents. Dans chaque pièce d’eau la dominante blanche (corian, sanitaires) est rompue par un panneau de mosaïques de verre (Bisazza) aux motifs personnalisés. Les coraux, les rayures ou les décors nacrés sont les seules concessions au minimalisme ambiant. Le chauffage se fait par le sol.
Architecture & Rénovation : Vincent Coste
Architecture de jardin : Coloco (Nicolas Bonnenfant) & Cédric Gilardi
Photos Jean-LucLaloux
Texte LaureEggericx
Villa n°80